Projet de conservation et réserves naturelles

Une réserve naturelle est le statut de protection le plus important à l’échelle de l’Europe. C’est un périmètre défini sur lequel s’appliquent des obligations et des interdictions, et où la protection de la biodiversité et le bon fonctionnement des écosystèmes est une priorité absolue.

A quoi servent les réserves ?

En érigeant ces zones sous le statut de réserve naturelle, on sauvegarde tout d’abord des territoires refuges présentant un intérêt pour la préservation de la faune, la flore et la fonge.

Il est donc important de protéger ces sites pour la conservation de la biodiversité déjà présente, également pour leur potentialité à accueillir de nouvelles espèces après la restauration et la gestion de leurs habitats mais aussi pour leur rôle crucial dans le réseau écologique. En effet, de nombreuses espèces profitent de ces ilôts de nature pour se disperser ou faire une halte durant leur migration, notamment et surtout dans des contextes fortement anthropisés où la nature se raréfie.

Les réserves naturelles jouent également d’autres rôles socio-environnementaux essentiels comme la régulation et le fonctionnement des écosystèmes, contribuant par exemple à la filtration de l’eau, au captage de particules polluantes, à la stabilisation des sols et à la régulation du climat local. Elles représentent un lieu d’apprentissage et d’éducation, à la fois pour la recherche scientifique et les suivis biologiques mais aussi pour la sensibilisation du public à la préservation de la nature. Pour terminer, les forêts et zones humides ont un rôle non négligeable dans le stockage de carbone, réduisant les impacts des changements climatiques par absorption du dioxyde de carbone.

Pourquoi et comment gère-t-on une réserve naturelle ?

Certaines réserves naturelles nécessitent une action humaine, parfois uniquement les premières années, pour maintenir ou restaurer des habitats naturels spécifiques au regard de la protection de certaines espèces rares ou menacées, à l’amélioration de la capacité d’accueil pour la biodiversité mais également pour entretenir ou rétablir des fonctions écologiques importantes. Plusieurs méthodes de gestion de réserves naturelles sont utilisées selon le type d’habitat rencontré, allant du pâturage extensif (bovin, ovin, caprin, parfois équin), à la fauche manuelle ou mécanique, à l’étêtage de saules, au creusement et l’entretien de mares, et j’en passe. Ces pratiques se font toujours au regard des enjeux environnementaux, dans le respect de la biodiversité présente sur place. 

Nos réserves

Bois d’Allain (Tournai) – 3,3875 Ha

Le Bois d’Allain est une ancienne carrière calcaire exploitée dans le cadre de l’industrie des fours à chaux, nombreux dans la région. Etant l’un des derniers bois présents à Tournai, des citoyens sensibilisés créés en 2009 une association sans but lucratif « Bois d’Allain » et récupère le bois dans l’optique de protéger ce dernier site boisé de la ville. Il est intéressant du point de vue écologique dans des milieux fortement urbanisés, permettant aux différentes espèces de s’y réfugier, pour se nourrir, se reproduire, nidifier ou simplement y trouver un abri. La réserve du Bois d’Allain joue un rôle essentiel dans l’augmentation du réseau écologique à l’échelle locale et régionale, notamment dans les zones périurbaines.

Afin de garantir une évolution durable du site dans son contexte écologique, le bois sera érigé en réserve intégrale, ce qui signifie que nous laisserons majoritairement opérer les dynamiques naturelles en laissant notamment le bois mort sur pied ou au sol, favorable à l’installation d’une biodiversité particulière (champignons, mousses, lichens, insectes xylophages = qui mangent du bois, pics…). On trouve une espèce de plante très rare que l’on appelle le Cirse laineux (Cirsium eriophorum), classé en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

Cette réserve naturelle est fermée au public puisque le type de gestion envisagée ne concorde pas avec un passage fréquent de promeneurs.

Carrière Thorn (Tournai) – 13,8027 Ha

La Carrière Thorn, anciennement appelée la carrière « Broquet » est l’une des premières carrières calcaires du Pays Blanc, située entre Tournai et Antoing. Aujourd’hui, on retrouve encore des traces de l’exploitation de la carrière avec des chariots, des rails, treuil et autres objets faisant maintenant partie du patrimoine historique de Tournai. Ces carrières carbonifères du Tournaisis comme celle de Thorn sont souvent en liaison avec la nappe aquifère. Sans pompage, elles se remplissent rapidement d’eau, créant de splendide bassins attirant bon nombre d’espèces animales (oiseaux, écrevisses, poissons…). Ces exploitations calcaires maintenant abandonnées ont laissé place à une flore calcicole (qui aime les sols calcaires) particulièrement intéressante. On y retrouve également l’Ecrevisse à pattes rouges (Astacus astacus), espèce indicatrice d’une bonne qualité de l’eau, protégée par la Directive européenne Natura 2000 « Habitat » et par la Loi sur la Conservation de la Nature.

Le site s’autogérant de manière efficace et fonctionnelle pour son écosystème, il sera classé en réserve intégrale, ce qui signifie qu’aucune action directe de gestion n’y sera effectuée.

Cette réserve naturelle est fermée au public tout d’abord pour éviter tout dérangement de la faune et la flore locale, mais aussi pour la dangerosité du site avec les parois escarpées du bassin pouvant amener à des noyades.

Léon Annet (Odrimont) – 0,7880 Ha

Autrefois appelée « Pont du Hé » et « Es Saceux », la réserve naturelle Léon Annet doit son nom à ses donateurs, les époux Léon-Annet, qui ont confié cette propriété aux Cercles des Naturalistes de Belgique dans les années 1995. Il s’agit d’une prairie humide et d’une aulnaie alluviale situées dans la cuvette de la Lienne et longeant le ruisseau d’Arbrefontaine.

Les pièces d’eau naturelles excluant les activités piscicoles et récréatives étant devenues rares dans la région, l’idée germa de creuser des mares à la fois pour un enjeu de préservation de la biodiversité mais aussi dans une optique de sensibilisation didactique du public. Avec la collaboration active de l’Administration communale de Lierneux, le cercle naturaliste de la Trientale creusa alors ces mares avec un petit chenal de liaison jusqu’au ruisseau.

Cette petite réserve se trouve dans un large réseau écologique, située entre le Parc Naturel des Sources et le Parc Naturel des deux Ourthes, à proximité directe de la réserve naturelle domaniale des Prés de la Lienne et au sein d’un réseau de réserves naturelles gérées par des ASBL telles qu’Ardenne & Gaume ou Natagora.

Fond de Noye (Olloye) – 3,9430 Ha

La réserve du Fond de Noye a pour particularité de s’être vue attribuée un double statut : zone humide d’intérêt biologique (Z.H.I.B.) et réserve naturelle agréée depuis le 26 septembre 1996. Dans les années 80, les Cercles des Naturalistes de Belgique (CNB) et la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) ont progressivement acheté des parcelles en fond de vallée avec comme objectif de limiter l’enrésinement du site. La majeure partie de la réserve est classée en réserve intégrale. Deux zones ouvertes sont cependant gérées afin de maintenir des mégaphorbiaies rivulaires en bon état de conservation. Ces habitats humides typiques des bords de ruisseau sont classés comme biotope prioritaire pour la conservation de la nature à l’échelle du continent par La Directive Européenne « Faune-Flore-Habitats ». Les mégaphorbiaies nécessitent une fauche annuelle et manuelle en rotation afin de laisser une zone refuge aux espèces et réduire l’apport de matière organique réduisant la diversité floristique. Certains tas de biomasse sont cependant laissés sur place afin de créer des abris pour la petite faune en période plus chaudes ou plus froides.

La réserve naturelle du Fond de Noye est située en fond de vallée humide. Ces espaces omniprésentes sur notre territoire sont des zones riches en biodiversité et au pouvoir tampon important mais pourtant encore trop peu protégés. C’est pourquoi il est important de les sauvegarder grâce à des mesure fortes de protection.

La réserve abrite quantité d’espèces, faisant de ce site un écosystème riche de par sa flore et sa faune intéressantes, avec plus de 1400 espèces différentes observées. Les méandres sinueux et anastomosés du ruisseau circulant à travers la forêt rendent le site riche en micro-habitats favorisant dès lors cette riche diversité biologique.

Fontaine Saint Jean (Léglise) – 1,4113 Ha

La réserve naturelle de la Fontaine Saint Jean est située sur le territoire du Parc Naturel de la Haute-Sûre et de la Forêt d'Anlier mais n’a jamais bénéficié d’une attention particulière en termes de conservation de la nature jusqu’à aujourd’hui. Il a cependant un beau potentiel puisqu’on y trouve des micro-prairies conservées à molinions et à bistorte officinale (Bistorta officinalis). Autrefois largement répandues en Wallonie, les prairies à molinie sont aujourd'hui menacées. Ces formations herbacées se développent sur des sols pauvres en nutriments. Malheureusement, ces prairies sont très vulnérables à l'intensification agricole, à l'eutrophisation et à l'abandon. Leur préservation requiert donc une gestion écologique et active, notamment par fauche tardive.

Lenfant (Pommeroeul) – 2,9050 Ha

Une partie de la réserve, nommée « Rieu Bouloirs », était gérée par le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE) en convention avec le cercle local « Tournaisis » des CNB. Il s’agit d’un complexe marécageux comprenant plusieurs habitats tels qu’une roselière, une saulaie marécageuse, une mégaphorbiaie et une cariçaie (habitat majoritairement constitué de Carex sp.). Les habitats présents sur ce site sont d’autant plus intéressants pour la faune locale et régionale de passage vers les Marais d’Harchies en jouant un rôle important dans le maillage écologique de ces zones humides, de plus en plus rares dans nos régions.

Une grande partie de la réserve sera gérée par un pâturage extensif utilisant un bétail approprié pour ce type de milieu.

Mine de Barytine (Vierves-sur-Viroin) – 0,2926 Ha

Site emblématique des Cercles des Naturalistes de Belgique, la réserve naturelle de la Mine de Barytine est remarquable pour sa diversité en papillons nocturnes, avec plus de 660 espèces recensées ! Agréée depuis le 26 septembre 1996, le site dispose de quatre milieux intéressants pour la faune et la flore : Une pelouse rase sur graviers calcaires richement fleurie, une pelouse mésophile haute et dense, des fourrés thermophiles et de la chênaie-charmaie calcicole. Les CNB y sont très actifs, que ce soit en termes de gestion ou d’activités de sensibilisation à la nature, y compris des formations et des leçons nature. Elle joue un rôle dans le réseau écologique local en créant une liaison entre différentes aires protégées.

Pic au Vent (Tournai) – 1,6055 Ha

Pic-au-Vent est une ancienne argilière formée d’un complexe marécageux où la colonisation par les ligneux pionniers atterrissait petit à petit la zone humide. En 2022, un projet du PwDR (Programme wallon de Développement Rural) a permis de restaurer les milieux humides avec notamment le curage de 5 bassins. Les réponses à ces mesures de retauration ont été rapides et positives, car on a pu y observer le développement de nombreuses plantes peu courantes : Butomus umbellatus (Butome en ombelles ou jonc fleuri), Oenanthe aquatica (Oenanthe aquatique), Typha angustifolia (Massette à feuilles étroites), Hydrocharis morsus-ranae (Petit nénuphar), Ranunculus aquatilis (Renoncule aquatique), Ranunculus sceleratus (Renoncule scélérate), Rumex palustris (Patience des marais)…

La réserve naturelle du Pic-au-Vent faisait partie des nombreux sites gérés par le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut en partenariat avec le cercle de la Trientale des Cercles des Naturalistes de Belgique. Classé comme Site de Grand Intérêt Biologique, le site présentait encore il y a quelques années un grand intérêt odonatologique qu'il conviendrait de confirmer.

Prés d’Amour (Warchin) – 8,5465 Ha

Le site des Prés d'Amour constitue une zone humide de grand intérêt biologique (ZHIB). Il se compose d'une mosaïque d'habitats : roselières, jonchaies, cariçaies, prairies humides, mégaphorbiaies, friches, fourrés, boisement de recolonisation, etc. L’objectif de conservation a toujours été de préserver cette mosaïque d’habitats, en mettant notamment l’accent sur les zones les plus marécageuses du site. Certaines prairies humides du site ont été maintenues grâce à un pâturage extensif et peu d’amendements, permettant une floraison exceptionnelle de Cardamine pratensis (Cardamines des prés) et d’Oenanthe fistulosa (Oenanthe fistuleuse). Le travail de gestion effectué par le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut, en collaboration le cercle naturaliste du « Tournaisis » des CNB, a permis de préserver ces milieux humides permettant aujourd’hui de comptabiliser près de 550 espèces différentes.

Par sa rareté géographique et son complexe marécageux formés de différents habitats, cette réserve naturelle est un élément essentiel à la fois pour son importance dans le réseau écologique local et régional, mais également comme site d’hivernage et de reproduction pour de nombreuses espèces migratrices.

Taille du Bailly (Cul-des-Sarts) – 3,3809 Ha

Dans les années septante, l’arrachage des arbres fruitiers haute-tige était encouragé par des primes de la Commission des Communautés Européennes. Des milliers d’arbres furent alors sacrifiés, et avec eux disparaissaient alors les « prés-vergers » ; pratique d’exploitation des herbages alliant pâturage et production de fruits, autrefois très répandue. En réaction, le Centre Wallon de Recherches Agronomiques situé à Gembloux mettait en œuvre en programme de recherche et de sauvegarde des anciennes variétés fruitières. Le verger conservatoire de la Taille du Bailly s’étend aujourd’hui sur près de 3 hectares sur une ancienne culture et compte plus de 120 arbres. Trois mares ont également été creusées grâce à des subventions de la Région wallonne dans le cadre du projet « Semaine de l’Arbre ». Finalement, une plantation d’arbres avait été effectuée en renforcement de la haie libre naturelle d’arbustes indigènes sur tout le pourtour de la réserve naturelle, aujourd’hui devenu un bel alignement d’arbres vieillissant.

Ce verger est entretenu par les Cercles des Naturalistes de Belgique en collaboration avec les pensionnaires de l’Albatros, institut accompagnant les personnes adultes souffrant d’un handicap mental.

Wadelincourt (Beloeil) – 6,1310 Ha

Située dans un fond de vallée et traversée par la Verne de Basecles, la réserve naturelle de Wadelincourt fait plus de 6 hectares. Elle est située dans une zone boisée sur le territoire du Parc Naturel des Plaines de L’Escaut. C’est une ancienne peupleraie exploitée afin de favoriser les habitats tels que de la mégaphorbiaie, des mares, une roselière, une saulaie et une aulnaie. Le site a été aménagé avec un caillebotis et des panneaux didactiques qui seront remis en état grâce à la subvention de la fiche 97 du PNRR et que vous pourrez découvrir dans les prochains mois…

Les espèces remarquables sont l’Othetrum brun, l’Aesche grande, le Tetrix des vasières ou encore des oiseaux tels que la Bondrée apivore ou les Bécassines en hiver .

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